L'historien Jacques Julliard est décédé
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Il est né le 4 mars 1933 à Brénod, une commune du haut Bugey dont son père et son grand-père avaient été maires. Dans cette famille de notables locaux enrichis par le commerce de vin, il baigne dans un milieu républicain de tradition radicale, voire anticléricale. Mais il suit quand même le catéchisme sous l'influence d'une mère catholique, pratiquante mais critique à l'égard de l'Église.
Élève au collège Nantua, il entre en khâgne au lycée du Parc à Lyon en 1950. Deux proches de Mounier le marquent alors parmi ses professeurs. D'abord, Jean Lacroix, collaborateur d'Esprit et philosophe personnaliste ne cachant pas son intérêt pour Proudhon. Ensuite, l'aumônier de la khâgne, Lucien Fraisse, qui enseigne un mélange de christologie et de réflexion sur l'insertion politique de la religion. Mais les lectures de Marx, Proudhon, Pascal, Kant et Jules Lagneau restent prépondérantes chez un esprit qui se définit alors comme "catho-proudhonien". Politiquement neutraliste, anticommuniste mais ni pacifiste, ni antiaméricain, il fonde un club de réflexion qui, s'inscrivant dans la mouvance de L'Observateur, lui permet de faire la connaissance de Gilles Martinet.
En 1954, il intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm comme germaniste. Mis en contact avec Esprit par le biais de Jean Lacroix, il intègre l'année suivante les instances de la revue et notamment son groupe politique où il croise Pierre Viansson-Ponté, Olivier Chevrillon, Claude Bourdet ou Michel Crozier. Il y contracte des positions anticolonialistes et est éveillé à la question de l'impérialisme et du « totalitarisme » soviétiques. Mais s'il est « compagnon de route » de divers mouvements catholiques de gauche, il reste opposé au rôle que peut jouer l'Église dans la société politique. Il préfère s'investir dans le syndicalisme étudiant à l'UNEF où, à la suite d'un voyage en Algérie (1955), il succède à Robert Chapuis au poste de vice-président aux affaires d'outre-mer.
En 1956, il quitte l'UNEF pour présider la conférence nationale étudiante pour la solution du problème algérien. C'est ainsi qu'il entre en contact avec Paul Vignaux qui le fait entrer au SGEN et participer au groupe Reconstruction. Ce dernier est, avec Esprit et l'UNEF, le troisième principal lieu de sociabilité où s'effectue sa formation intellectuelle et politique. Il y fait notamment la connaissance d'Edmond Maire, d'Eugène Descamps, d'Albert Détraz, de Gilles Declercq ou encore de Pierre Mendès France. En 1958, il obtient son agrégation d'histoire. Il est alors envoyé en septembre 1959 en Algérie où il sert comme officier d'action psychologique auprès des populations civiles. De retour à Paris en mai 1961, il est nommé professeur de lycée à Chartres.
Il intervient aussi épisodiquement sur l'Université et sur la CFDT, soutenant la démarche de sa direction lors des Assises du socialisme ou du congrès de 1979. À partir de septembre 1977, il remplace Jacques Ozouf pour l'analyse des sondages politiques mais reste extérieur au service politique, ses interventions prenant surtout la forme de tribunes et d'articles de fond sur la situation politique. Il joue aussi un rôle de premier plan dans les débats intellectuels qu'abrite le journal. Ainsi, il lance le débat sur la nouvelle philosophie (mai 1977) et sur "Le tiers-monde et la gauche" (5 juin 1978), participe à celui sur la révolution iranienne (décembre 1978), le boycott des jeux olympiques de Moscou (février 1980) et conclut celui sur L'Idéologie française de Bernard-Henri Lévy (mars 1981).
Il s'est éteint le 8 septembre 2023 à l'âge de 90 ans.
Généalogie de Jacques Julliard
N° 1 - Jacques Julliard, né le 4 mars 1933 à Brénod (01), décédé le 8 septembre 2023
N° 2 - Marcien Julliard, né le 25 juin 1896, décédé le 23 février 1960 à Brénod (01), Commerçant, Maire de Brénod.
Marié le 8 février 1932 à Mérignat (01),
N° 3 - Andrée Berthet, née le 6 décembre 1906 à Mérignat (01), décédée le 4 novembre 1986 à Nantua (01)
Les grands-parents de Jacques Julliard
N° 4 - François Julliard, né le 28 août 1862 à Brénod (01), Expert-géomètre.
Marié le 16 mai 1895 à Aranc (01)
N° 5 - Julie Mélina Moyne, née le 15 octobre 1873 à Aranc (01), décédée le 6 septembre 1900 à Brénod (01),
N° 6 - Frédéric Joseph Berthet, né en 1865, décédé en 1921
N° 7 - Léonie Emérance Benoit, née en 1872.